Les pages spéciales et quelques articles de journaux sont tout en bas de section.
LES ANECDOTES
Un pur bonheur
1) Une course ? Non !! Un combat à chaque niveau.
Mon père courait alors en amateurs(licenciés)et il est vrai qu’il gagnait assez bien de courses. Auparavant, il est même devenu roi des débutants. Dans toute sa carrière, il a gagné une petite centaine de courses. Mais cela ne faisait bien entendu pas toujours ses affaires car dans le peloton, celui qui gagnait se coltinait tout le monde sur le dos. La presse qu’elle soit francophone ou néerlandophone aimait bien sa manière de courir. Elle lui consacrait pas mal d’articles. Maintenant, chaque clocher avait son poulain et quand c’était celui d’un autre village qui gagnait, les supporters locaux l’avaient mauvaise. Ainsi, lors de la course de kermesse de Biévène, mon père gagne au nez et à la barbe du local dont je ne me souviens plus du nom. Il faut savoir qu’à l’époque, un coureur était suivi par une grosse partie de son village pour aller le voir courir. Et les Bois-de-Lessinois présents étaient en folie contrairement aux Biévènois qui faisaient grise mine. Après la course, des bagarres ont éclaté dans les bistros de Bièvéne et tout le monde s’est éparpillé dans toutes les directions pour rentrer au plus vite à la maison. Mon père y compris.
2) Supporter … une passion !!!
Vous allez me dire, aujourd’hui aussi, les supporters sont passionnés. Oui, mais pas toujours autant et pas dans les mêmes conditions. Un exemple : Armand Granson et Georges « du clapeu » travaillaient à la carrière de Lessines durant la pause de nuit. Une fois la nuit terminée, ils sont partis en vélo, à Brasschaat(Anvers), pour aller le voir courir. Ils sont revenus juste à temps pour reprendre le boulot. Et attention, quand je dis en vélo, c’étaient ceux de l’époque. Bien lourds avec des pneus du genre d’un tracteur. Et ils étaient en habits, pas en training et empruntaient des voiries qui pour la plupart étaient encore en terre, voire en pavés. Il y avait aussi des bus organisés pour aller sur les courses.(dixit Andrée la voisine)La casquette du fan était obligatoire. Elle était blanche, avec une palette verte transparente avec pour inscription, le nom de « ROGER BAUDECHON » + supporter. Malheureusement, je n’en ai plus.
3) La course toujours fair-play ???
Un jour, mon père se retrouve en tête de course dans une échappée avec un autre coureur. Ce coureur n’a pas mené un mètre mais prévient mon père qu’il ne va pas le laisser gagner. Coup de chaleur chez Roger Baudechon qui lui dit de passer une xième fois devant autrement ça allait mal finir. L’adversaire refuse et ne passe pas. Bardaf, au fossé. Mon père se retourne alors vers le délégué de course qui suivait en voiture et lui signale que s’il le déclasse, ça va aussi finir mal avec ses nombreux supporters à l’arrivée. Mon père gagne et même si le Landru s’est plaint de l’inconvenance, le classement n’a pas changé. Notez qu’il a aussi fait l’objet d’un manque de fair-play d’autres adversaires.
4) La course de la Paix.
Aujourd’hui, tout le monde n’a plus que le « Tour de France » à la bouche. Mais en 1950, vous imaginez, un jeune gars de dix huit/vingt ans partir dans les pays de l’Est(bien communistes à l’époque)pour courir la plus grande course du genre : La Course de la Paix. Ils sont partis en avion bimoteur(hélices)vers Berlin où ils ont fait escale avant de partir pour Varsovie. A l’aéroport de Berlin, il n’a pu se rendre aux toilettes qu’accompagné de deux gardes armés. Dans l’avion, l’équipe belge était avec les français et … les vélos. En effet, les vélos avaient été placés dans le fond de l’appareil pour effectuer le trajet. Il faisait équipe avec Roger Baguet, le père de Serge.(ex Lotto)Ils ont fait un bon tour(3ème par équipe et lui 16ème au général)même si cela fut très difficile. Les coureurs de ces pays-là étaient en acier trempé. J’imagine déjà le périple de l’autre côté du rideau de fer. Comment avait-il rapporté toutes les coupes et les vases? Ils pèsent un poids pas possible et nous les avons toujours. A bien y regarder, il fallait représenter quelque chose pour faire des courses de cette envergure. Pour la suite, voir « pages spéciales 2 ».
(remarquez le drapeau Tchécoslovaque!! Pas encore la Tchéquie et la Slovaquie !!!)
Carnet d’étape
5) Le temps de la création d’un club
Au moment de la grande période de papa, Bois-de-Lessines a créé un club de supporters (1951) et en même temps, organisait des compétitions dans le village. Bois-de-Lessines avait deux kermesses. Elle les a toujours avec le « club animation » mais à des dates différentes. (plus depuis début 2000) L’une en juin et l’autre en septembre. Et chaque fois, deux courses étaient organisées. Le Royal Vélo Club de Bois-de-Lessines a bien fonctionné durant des années avec les membres fondateurs : Georges « du clapeu » Channoine, Roger Scarcez, J-M Brixy(Docteur du village), Maurice Baudechon, ainsi que « Jojo » le coiffeur, Gérard Quitelier, Michel Hene et son épouse Angèle Corbisier, Joël Braun, Claude et Georges Timmermans + les autres anciens ou nouveaux. Le relais a été passé à plusieurs reprises mais le club s’est essoufflé faute de bénévoles, faute de sous et probablement faute de motivation. Une simple course coûte la peau des fesses de nos jours. Sans compter qu’il faut un maximum de signaleurs payants pour assurer la sécurité. Mon père a aussi été signaleur mais il a arrêté après avoir fait l’objet de la vindicte d’une dame qui n’avait pas la patience d’attendre le passage de la course. Il y a de moins en moins de compétitions chaque année. Triste. A ce jour, Bois-de-Lessines n’a plus de club cycliste au sens strict du terme. Notez que je me souviens encore très bien du dossier de Gérard Quitelier pour obtenir le titre de société Royale. Ce qu’il a obtenu le 12/12/2001. Félicitations aux nombreux bénévoles, mordus de cyclisme, qui ont fait « marcher » le club durant toutes ces années avec beaucoup de succès.
Lettre du Cabinet de SM le Roi.
6) Vélos
Allez, vous le savez ou vous ne le savez pas mais les vélos des coureurs cyclistes professionnels ne sont pas donnés en fin de saison. La firme les retourne aux fournisseurs ou il y a mise en vente. Papa en avait gardé/acheté quelques fois. Un jour, il reçu une lettre de BP MERCIER lui signalant qu’il pouvait garder le vélo mais qu’il devait verser 7.800 Frs. Il avait rentré un cadre, pas le reste. C’était déjà quasiment trois mois de salaire d’un fonctionnaire. Comme il l’avait déjà donné, il est allé remettre la lettre à cette connaissance pour qu’il paye le vélo !!! Une autre fois, c’est Michel Picoux, un voisin, père de Régis et grand-père de Maximilien(un très bon débutant revenu du Canada)qui a acheté le vélo. J’ai encore en mémoire papa le mettant en bonne position appuyé sur le pignon du garage à côté de la maison. Michel a participé à des compétitions avec ce vélo. Encore de nos jours, Jos Demeecheleer, un autre voisin,(plus de 80 ans)roule encore avec son « Bertin ». Et le vélo est encore très bien. Avouons tout de même qu’il a été un peu retapé. Mais quand vous comparez ce vélo d’un ancien pro avec ceux des pros actuels, vous vous dites tout de même qu’il y a eu une fameuse évolution technologique en quarante ans. Mais un vélo reste un vélo et il faut toujours faire fonctionner les guibolles pour le faire avancer.(Le « Bertin » signalé volé par mon père ne l’a pas été, dixit Jos. Vous comprendrez, je suis certain.)
7) Photos souvenirs
Le père a cessé de courir au milieu des années 60′. Il y a donc cinquante ans. Et depuis lors, il n’a jamais cessé de répondre à des demandes de collectionneurs: belges, français, italiens, pour des photos. Celle que vous voyez en page « une autre époque » est celle qui avait été tirée à des centaines d’exemplaires chez BP MERCIER. Il ne lui en reste plus. Les dernières ont un peu pris l’humidité et le bord est légèrement décoloré. Il a encore d’innombrables photos personnelles des courses. Certaines valent vraiment 200 discours. Equipements, vélos, paysages, véhicules, tenues civiles, … sont d’époque. Une autre époque. Dans la page « photos », vous pourrez en profiter un peu sans toutefois pouvoir les copier pour une utilisation commerciale. Récemment, il a encore donné une interview pour un magazine cycliste. Comme quoi, le fait d’avoir été une vedette en son temps est resté à jamais gravé dans les mémoires.
8) Monsieur Merckx
Il y a une quinzaine d’année en allant au MUUR de Grammont pour voir le fameux critérium annuel, je vois Claudy Criquielion avec Mr Eddy Merckx. Je vais les saluer et Claudy rappelle à Mr Eddy que je suis le fils de Roger Baudechon. En deux secondes, il me regarde et me dit que tout jeune, il a vu mon père à une course derrière derny autour d’un parc à Bruxelles.(Bois de la Cambre-photos ci-dessous)Il avait été impressionné car il avait mis un tour à tout le monde. Moi aussi j’ai été impressionné qu’un homme comme lui, ayant vécu ce qu’il a vécu, voyagé ce qu’il a voyagé se rappelait encore de Roger Baudechon dans un parc Bruxellois alors qu’il n’avait que quinze ans. Sans compter que je lui ai remis une couche en disant qu’il roulait pour FAEMA à l’époque, comme lui, plus tard. Et bien non, ce n’était pas le même FAEMA et il me l’a fait remarquer. Oufti quel moment magnifique !!!
9) « DOLPIC »
Bon, d’accord, ce mot ne s’écrit peut-être pas ainsi mais cela n’a pas d’importance. Ce qui importe c’est que rien que d’y penser, j’en ai encore les odeurs dans les narines !!! Après chaque course ou chaque soir, avant de se coucher, papa avait pour habitude de prendre son gant de crin et son tube de « dolpic ». Avec son gant bien enduit et bien usé, dur comme du béton et cette super crème puante qui emplissait la maison, il se massait. Mais ce n’était rien pour mon nez à côté de ce que devait endurer ses jambes et son dos. Car lui ou ma mère, frottaient avec une telle force pour enlever les crampes et autres toxines que c’était un vrai spectacle. Une fois terminé, le massage laissait des marques rouges un peu partout. Une vraie torture. Sans compter que cela brûlait un max.
10) Une mentalité de gagnant
Notre père a couru en débutants, amateurs, indépendants et professionnels. Attention, les catégories n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Il a fait peu d’autres choses à l’époque. On pourrait dire qu’il a couru en milieu fermé. Vélo, vélo et encore vélo à partir de 14/15 ans jusqu’à ses 28/29 ans. Après sa carrière cycliste, il a ouvert un commerce de vélos et cyclomoteurs (avec son frère Arthur) ainsi qu’une pompe à essence TOTAL et un magasin BATTARD. Le tout en notre domicile. Il a ensuite été chauffeur de camion chez Debilde à Lessines. L’entreprise ayant fermé, il s’est retrouvé dans une autre société à Meslin et par la suite, il a pu bénéficier, d’une pré retraite. Et le vélo ? Et bien jusqu’à ses derniers jours, c’était vélo (rouler), manger (attention-poids), télévision (cyclisme), discuter. (vélo) Il a toujours gardé la fibre compétitive de ses débuts. Quand il allait promener le long du canal (Ravel), il avait son allure jusqu’à Ath ou plus loin encore. Mais si au retour, il tombait sur un cyclo, un coureur ou un groupe qui roulait à plus de trente à l’heure, il se mettait dans la roue et plein gaz. Quand il ne passe pas devant pour encore aller plus vite. Il avait 77 ans !!! .
11) Les copains d’alors
On peut distinguer deux périodes dans ses relations cyclistes. La première avec le club de Laeken(maillot mi blanc mi bleu de belle qualité en satiné)et la seconde, la période professionnelle. Dans le club de Laeken, il était souvent avec VAN COUTER(champion du monde amateur)de même que SCHROEDERS, VANCONIGSLO, VANDENBRANDEN et d’autres. En professionnels, il voyait « mil » DAEMS, « tur » DE CABOOTER, SCHROEDERS, VANDENBOSSCHE(le père d’Alain), DESMET, VAN AVERMAET, BAGUET, SCHILS et bien d’autres. Le club de Laeken était une grosse armada, déjà très professionnelle. Maintenant, il a couru dans la même équipe que VAN LOOY mais je ne sais pas si le courant passait. VAN LOOY avait sa garde rapprochée aussi bien dans le peloton que dans les hôtels. SORGELOOS et COUVREUR en étaient. Un jour, dans un hôtel dont il n’a plus mémoire, en pleine nuit, VAN LOOY avait faim. Un équipier est descendu en cuisine pour aller lui chercher du poulet et une grosse bière. C’était un peu pareil avec les autres vedettes qu’il a connu comme Poblet, Kubler et d’autres du même genre. Elles étaient assez distantes. Et comme dans toute équipe, il y avait des clans, des comiques, des toutous, chacun devait trouver sa place.
Etoile Namuroise 1954
AERTS – BAUDECHON – VAN CAUTER – SCHROEDERS – VANDENBRANDEN – WAUTERS
(« Les bruxellois »)
12) Irma, sa maman (un peu de biographie)
Evoquer la carrière de papa sans évoquer la disparition brutale d’Irma, sa maman, alors qu’elle était encore jeune(43 ans)serait faire preuve de lacune mais aussi d’un sérieux trou de mémoire. Elle a fait une chute de moto et suite aux séquelles (on suppose), elle décédera dans les semaines qui suivirent. Tout le monde sait ce qu’une mère est pour un fils. Pour des fils. Papa a aussi un frère, Arthur. Ma grand-mère mais aussi mon grand-père, Gaston, étaient des costauds, des durs, toujours à l’ouvrage, jamais à se laisser faire ou à se laisser aller. Irma a certainement manqué à papa au plus mauvais moment. Néanmoins, il a toujours eu son père, Gaston, son frère Arthur, mais aussi « père tur », bobonne Marie, Bertha (sa belle-mère) oncle Gustave et tante Angèle avec lui. Et il a toujours eu beaucoup de supporters comme Maurice Baudechon, Jos Demecheller, Maurice Latte, Armand Granson, Georges Channoine et tellement d’autres. Mais c’est vrai, cela ne remplace pas une maman. Disons que le destin ne l’a pas désigné comme le futur VAN LOOY. Mais avec ce qu’il a démontré tout au long de sa carrière, nous avons toutes les raisons de nous montrer fiers que notre père soit parvenu à une telle notoriété internationale. On ne doit pas vivre constamment de regrets. Ce qui est fait est fait et très bien fait !!! .
13) En parlant de regret
S’il devait y en avoir un, ce serait très certainement celui de ne pas avoir gagné Paris-Tours car cette course aurait pu lancer sa carrière. Dans les prochains jours, je vais vous raconter comment la finale s’est déroulée. Lui, il pouvait gagner mais pour l’équipe, c’était une autre paire de manches. Voici déjà un article d’un journal français qui titrait : » Record : 80 coureurs au sprint ». La question de modifier le parcours se posait déjà à l’époque. C’est toujours le cas aujourd’hui. Pour la suite, voir « pages spéciales 1 ». (en-dessous)
14) Ses directeurs sportifs en professionnels
Durant ses années chez les pros, il a tout de même eu la fine fleur des directeurs sportifs de l’époque. Ils n’étaient pas faciles. Mais dans une équipe, il y a toujours eu les gros bras et ceux qui devaient se mettre à leur service. Il est passé entre les mains d’André Bertin dans l’équipe BERTIN, celles de Guillaume Driessens chez FAEMA, Antonin Magne chez BP MERCIER et enfin Albert De kimpe chez WIEL’S. Pour ceux qui connaissent ces directeurs sportifs, ils auront compris que ce n’était pas évident. J’ai quelques anecdotes qui vous seront communiquées sous peu.(… à venir)
Antonin MAGNE convoque ses coureurs par écrit.
15) Ses manies(habitudes)
Il faut bien le dire, il a des manies qui ne datent pas d’hier. Un peu comme tout le monde. Par exemple, lorsqu’il monte sur son vélo, il en fait toujours le tour au préalable pour savoir si tout est en ordre. Mais une autre d’entre elles est de souvent prendre un mètre pour vérifier sa longueur de potence et sa hauteur de selle. Au cas où quelque chose aurait bougé. Une autre manie est de mettre continuellement des bas en laine jusqu’aux genoux lorsque le temps devient un peu froid. Il met rarement de longs collants. Une habitude qu’il avait déjà étant jeune. Il ne roule pas en pneus. Il ne rêve que par le boyau, plus facile à rouler, car moins dur, et surtout plus facile à remplacer lorsqu’il a une fuite. Et attention on n’oublie pas la colle. Il a arrêté depuis longtemps de les réparer mais Jos, son copain, fait encore de la « couture » à l’occasion. Pour les pédales, je pense qu’il a eu beaucoup de peine à changer celles à cale-pied par des « look ». Au début, même à l’arrêt, il n’arrivait pas à déclipser. Il est plutôt rare de le voir les mains en haut des cocottes. Il est du genre à rouler toujours » les mains en bas ». Maintenant, il en avait aussi une autre qui était de se mettre les jambes surélevées pour activer la circulation. Et durant ses années de compétition, il notait tout dans des petits carnets que nous avons encore : kms journaliers, repos, … .
16) Les Jeux Olympiques
Pour lui, c’est un épisode parmi d’autres mais, personnellement, je le trouve tout de même pas mal dans le genre. Il avait fait des exploits sur le vélo. Il était un des meilleurs amateurs de Belgique et il avait, comme de juste, été retenu ou si vous voulez, présélectionné pour les Jeux Olympiques de Melbourne, en Australie. Mais voilà, à cette époque, les sections provinciales devaient aussi verser une contribution pour le déplacement ou l’hôtel et comme la sienne n’avait pas de sous, c’est finalement BAR, un liégeois, qui a pris sa place. Fort de café ou café fort, comme vous voulez, mais à quoi pouvait tenir de participer ou non à des Jeux Olympiques. Mais vous savez, il était teigneux et avec son club de Laeken, ils sont partis courir sur les terres du sieur BAR. Acharnés comme ils étaient, mon père a gagné au nez et à la barbe du sélectionné. Joignons ci-dessous, l’article d’un journal. Il n’a pas été à Melbourne mais il a fait les championnats du monde de Waregem et de Copenhague. Il a d’ailleurs quelques anecdotes au sujet de ces deux courses. Notez qu’André BAR était tout de même un sérieux rouleur.
Ticket d’avion pour Copenhague du 23/08 au 27/08 pour les championnats du monde amateurs.
17) Le Tour d’Italie
Le tour d’Italie ne fut pas une partie de plaisir car s’il a bien pris le départ, il a été obligé de mettre pied à terre à la sixième étape car il avait attrapé une bronchite plutôt terrible. Le temps avait été mauvais depuis le départ. L’équipe FAEMA était partie pour gagner, avec VAN LOOY comme leader, mais il n’a terminé que quatre ou cinquième. On ne saura donc jamais si avec papa en plus, l’empereur d’Herentals aurait remporté le maillot rose.
18) Les Kms des courses
Si vous êtes attentifs aux kms des courses en amateurs,(voir résultats)vous constaterez immédiatement que cela n’a plus rien à voir avec ce que les coureurs doivent rouler de nos jours. Pour des amateurs, sur les grosses courses, il n’était pas rare de rouler des 06h00 et de parcourir de 170 à 230 kms. Mettez un peu ces distances dans des courses de nos jours. Y a pu personne au départ !!!. Ce sont des distances de pros. Sans compter qu’à l’époque, il y avait encore des « Bordeaux-Paris » genre 600 bornes à faire sans arrêter. Des VAN SPRINGEL, BOBET, ANQUETIL, l’ont tous gagnée. Maintenant, la préparation est différente de même que les courses. Comme ceux d’aujourd’hui par contre, papa allait souvent à la côte d’azur pour s’entraîner et recharger ses batteries avec ses équipiers.
19) « La confirmation »
(petit coup de gueule)
Ce thème de la confirmation revient quelques fois dans certains articles sur papa. C’est plutôt agaçant. Et je suis gentil.
« Il n’a pas confirmé en professionnel »-« La confirmation d’une grande carrière a tardé ». Les journalistes ou assimilés ont la fâcheuse tendance à imaginer que l’aboutissement ultime est de faire des « MERCKX » de chaque gamin qui monte, un jour, sur un vélo en compétition. Chacun place la barre où bon lui semble et revoit ses ambitions à la hausse ou à la baisse en fonction de ses résultats. Je ne peux pas être objectif mais je pense qu’il a confirmé par rapport à ce dont il était capable et puis il y a aussi le facteur « chance ». C’est vrai qu’hier comme aujourd’hui, on ne voit que par celui qui gagne. Et pour moi, il a réussi. Mais combien y a t-il eu d’équipiers dans l’ombre ? Combien avons-nous eu de « Merckx »? Il s’est épanoui grâce au vélo. Il a voyagé, vécu un rêve magnifique, gagné sa vie grâce à la bicyclette. N’est-ce pas déjà là l’essentiel ? Alors est-ce qu’il a confirmé ? Bin oui, il a été professionnel. C’était le but. Et pour le reste, laissons la littérature à ceux qui aiment manier la plume sans pour autant devenir des Baudelaire ou des Rimbaud.
20) Les primes
Dernièrement, je lisais comment MERCIER faisait la répartition des primes au sein de son équipe. Il faut dire que j’ai encore de nombreux courriers de cette équipe cycliste. J’ai d’ailleurs toujours le premier contrat professionnel de papa. C’est assez comique. Cela n’a plus rien à voir avec les clauses de ceux d’aujourd’hui. Et bien, concernant la répartition, elle se faisait plus que normalement et tout était détaillé par le service comptable. Le coureur percevait une somme identique au total des primes, divisées par le nombre de coureurs qui terminaient la course en question. Ceux qui abandonnaient en route n’avaient que la prime des jours de course. A cela, Antonin Magne enlevait des primes pour les soigneurs et mécaniciens. En outre, dans son cas, les coureurs devaient aller enlever leurs prix au service course de BP MERCIER à Paris. Certains belges signaient quelques fois une procuration pour qu’un autre puisse les prendre à sa place. La LVB était avisée de ce procédé. Maintenant, pour les primes c’était la même chose pour tout le monde. Par contre, pour la partie fixe-salariale, vous vous doutez bien que BOBET touchait le pactole. Mais il n’avait pas à se plaindre. Pour un coureur pro, l’essentiel était bien entendu de terminer des courses. Surtout celles à étapes. Si vous allez sur les sites de la page « liens », vous constaterez que certaines grosses équipes de l’époque avaient jusqu’à 40-45 coureurs. Si vous avez fait le calcul des salaires, des frais divers, du matériel et de tout le reste, cela devait représenter un très gros budget. J‘ai l’impression que les coureurs étaient déjà très gâtés par rapport au reste des travailleurs. Je viens de vous parler de BP MERCIER. Toutes les équipes n’étaient pas BP MERCIER !!!! Et attention, on ne compare pas avec les salaires des coureurs d’aujourd’hui. Beaucoup d’entre eux avaient des difficultés à nouer les deux bouts. Et dans d’autres équipes, par la suite, maman me dit que cela n’a pas toujours été évident. Donc, pas de conclusions hâtives.
21) « Madame, c’est où Berlin ? »
Sous ce titre humoristique, je vais juste citer les pays fréquentés durant sa carrière cycliste. De ce qu’il m’en a dit, il était souvent parti. Pour de petits déplacements mais aussi pour de longs mois. J’essayerai de mentionner pour quelle(s) raison(s) il a fréquenté ce pays ou cette ville. Avec le temps, il se remémore encore pas mal de choses mais ce n’est pas toujours le cas et dans ces conditions, je dois relire les journaux et brochures que je possède encore.
Belgique :
Je ne vais pas évoquer toutes les villes belges dans lesquelles il a, d’une manière ou d’une autre, pratiqué le vélo. Depuis tout petit, j’ai énormément voyagé en Belgique (et à l’étranger), avec mes parents. Je pense qu’à chaque sortie, il disait : « Ici j’ai couru », « Ici j’ai gagné », … . Alors vous pensez bien, je n’en finirais pas.
Allemagne :
Italie : Il a souvent couru en Italie. Il s’y est aussi entraîné. Donc, il y a pas mal logé. De Nicastro (Calabre) en passant par Rome, Milan, Naples, Agrigento (Sicile) il a aussi sillonné assez souvent ce pays. Il aimait particulièrement le Lac de Garde. Il y descendait à l’hôtel Barbarano. S’il avait terminé le Giro, il aurait fait le tour complet de ce pays. Bien entendu, il n’était pas là pour faire du tourisme mais rien ne l’empêchait de découvrir d’autres contrées.
Nicastro
Lac de Garde
France : Menton. « SCHROEDERS et BAUDECHON posent leur tente à Menton ».
Ils sont partis pour un mois dans le sud de la France, en mars. Ils allaient pour y faire des kms. La LVB a profité de l’occasion pour leur demander de participer aux grosses courses internationales italiennes. En réalité, une lettre de la LVB, que je possède toujours, atteste qu’ils étaient attendus au camp d’entraînement pour cyclistes à Monte-Carlo. Mais comme il venait de fermer. Ils ont été invités à se rendre, aux frais de la LVB, dans un autre hôtel de la côte d’azur. Et ensuite ils ont planté leur tente à Menton. Et cet entraînement en prévision du Tour de Belgique devait être profitable. Sauf que mon père est tombé à la troisième ou quatrième étape et s’est cassé la clavicule.
En fait, la France, il l’a arpentée de haut en bas et de gauche à droite durant toutes ses années d’amateur et de professionnel. Du Midi libre en passant par des courses comme celle du port de Dunkerque ou même Paris. Il a aussi séjourné dans des villes-étapes. Il s’est également entraîné à Monêtier-les-bains, un petit village des hautes alpes. Il en a d’ailleurs profité pour visiter la station de ski de Montgenèvre juste à côté.
Monêtier (carte postale envoyée à ses parents)
Suisse : Son pays.
La Suisse est le pays qu’il affectionne le plus. Il y a été à de nombreuses reprises durant quatre ou cinq ans. Il descendait souvent en voiture avec Oncle Gustave ou tante Angèle voire les deux. Il a été à Bâle, Bern, Genève, Oftringen ainsi que dans d’autres localités. Il nous remémore souvent ses passages en Suisse. Il faut dire qu’il était presque plus connu là-bas que chez nous.
Oftringen où il a logé en 1955.
Danemark : Championnat du monde amateurs.
Pologne : Tour de la paix.
Tchécoslovaquie : Tour de la paix.
Monaco : Camps d’entrainement.
et bien d’autres somme l’Espagne, … .
N.B : Nous sommes en 1950-1960. Il est évident que la mondialisation n’avait pas encore (autant) ouvert le monde du cyclisme aux autres continents comme c’est le cas de nos jours. Aller d’un village à un autre était déjà une expédition. Mon grand-père « tur » n’a vu la mer qu’à 70 ans. Vous imaginez !!!
22) C’est quoi ça « les équipes nationales » ?
Pour les grands tours, il y avait des sélections nationales. Vous ne participiez que si vous étiez retenu. J’ai trouvé un bel article sur le comment du pourquoi des sélections. Il est en stand-by. Attention, cela n’a duré qu’un temps.
23) Philosophie générale du dopage
J’ai aussi retrouvé un article dans lequel deux médecins invités par le VC Laeken donnent des avis sur l’alimentation et sur le dopage dans le cyclisme dans les années 50-60. Très instructif. Pour papa, c’est un sujet que nous abordons quelques fois quand il y a des articles dans les journaux. Nous n’avons pas de tabous à ce sujet. Nous n’avons jamais abordé son cas personnel et ce n’est d’ailleurs pas cet aspect de sa carrière qui m’intéresse/ssait. Il me parle de ce qu’il veut bien. Quelques fois, il dit bien qu’il trouvait certains comportements suspects, (« chargé ») mais sans plus. Le cyclisme des « belles années » était plutôt bon enfant. Vous avez lu la lettre de MERCIER dans les anecdotes précédentes. Vous comprendrez donc que certaines équipes voulaient tout de même maintenir une certaine éthique dans leur groupe : « La gloire n’est jamais où la vertu n’est pas ». Mais il ne faut tout de même pas rêver. Quand SIMPSON est mort au Ventoux, personne ne semblait savoir ce qu’il se passait alors que c’était bien dans le milieu.
N.B : Ne faisons pas les hypocrites, ce n’était tout de même pas l’époque des contrôles inopinés et du pipi contrôlé sur chaque course.
24) Les championnats du monde
Dans une des anecdotes, je vous parlais du facteur « chance ». Pour ce qui concerne papa, je pense qu’il est à plusieurs niveaux. La perte de sa maman (43 ans) et de son papa (53 ans) en est un. Il en est un autre qui ne doit pas être à négliger, c’est le fait qu’il a vite perdu de vue son mentor : Victor Bodson. C’était le directeur sportif des laekenois et je sais que papa avait une très grande confiance dans ce Monsieur. Toute l’équipe du VC Laeken de cette génération est passée pro ou presque. Victor Bodson avait beaucoup d’influence au sein de la LVB. Il défendait énormément ses coureurs aussi bien dans les médias que devant les instances cyclistes. C’était le club idéal pour envisager une carrière. N’oublions pas qu’il ne manquait pas de coureurs en Belgique. Dans chaque région, il y avait un petit « Rik » et il fallait bien du courage pour aller y courir. Dans ce contexte, tout le monde devait jouer des coudes pour gagner sa place. Voici d’autres paramètres qui influencent aussi une carrière. Je reviens aux championnats du monde de Frascati (Rome) en Italie. Il est dans la sélection mais en dernière minute il n’est pas retenu. Motif : il a fait un mauvais championnat de Belgique.(son oeil) Il se retrouve réserve. Il n’ira donc pas à Frascati en 1955. Ce n’était pas la peine de discuter. En 1956, il est sélectionné pour Copenhague au Danemark. La course est limpide. Il se sent fort. Il est en tête à trois kilomètres du but et bardaf, sa chaîne saute. Le temps de tout remettre en place, il termine derrière le peloton à la 43ème place. Je ne dois pas trop lui parler de ce périple là. En 1957, il est sélectionné à domicile. Les championnats du monde ont lieu à Waregem. Il ne fera que 24ème. Il n’a pas d’explication sauf que le jeu d’équipe s’imposait. Le premier belge a terminé 5ème. Et puis, il y a une touche exotique. En 1956, il termine 4ème à Bâle-Boncourt, en Suisse. S’il faisait un bon résultat, il devait partir pour le Tour du Mexique du 14/11 au 26/12. D’après les infos, le tour en question n’aura finalement pas lieu. Et après ça on dira que la chance n’est pas un facteur essentiel. Mais ne nous apitoyons pas. Il a connu énormément de très bons moments.
Nouvelle de dernière minute : Le Tour en question a bien eu lieu. Mon père n’a pas été retenu. C’est SCHROEDERS qui a été sélectionné. Une fois l’avion arrivé à bon port, il a eu une panne et une roue défectueuse a quasiment causé un crash.
25) Lessines SPORTS
A une certaine époque, Lessines, avait un vélodrome. Il était où se trouve le GB-DELHAIZE, au « pont de pierre ». Un vélodrome ?! Oui, vous avez bien lu. Il était modeste, c’est certain, mais bien présent. Comme nous avions aussi une piste de karting le long du canal, encastrée qu’elle était entre le chemin de fer et la piste actuelle de l’athlétisme de l’US Lessines. Mon père me signale que le vélodrome était utilisé par un nombreux public. Il s’y rendait aussi pour s’entraîner. Mais comme il était sur Vilvorde, il roulait plus souvent sur le vélodrome de Schaerbeek durant l’hiver. Un vélodrome en bois. Il y allait à raison de trois à quatre séances par semaine. Il s’y préparait aussi pour les six jours et autres compétitions. Le vélo club de Bois-de-Lessines lui avait payé un vélo de piste tout chromé. Il avait sa cabine personnelle au vélodrome. Il y laissait son vélo et son nécessaire de piste. Un jour, Jos (son copain) est parti à Bruxelles avec un ami pour assister à une compétition. Il faut savoir que le vélodrome réglait ses horaires sur ceux des trains. A 22h00-22h30, tout devait être terminé. A la fin des courses, une foule immense se ruait alors vers ces moyens de transports. Un jour, la compétition avait pris du retard. Jos et son comparse n’ont pas eu le réflexe de quitter le vélodrome à temps. Ils en ont été pour leurs frais. Ils ont été obligés de rentrer à pied, à Bois-de-Lessines. Marcel Vilain(un supporter)était souvent à Schaerbeek car il aimait cette ambiance festive. Mais c’est vrai que Lessines et sa région avait aussi beaucoup d’autres activités sportives. Le FC Lessines(foot)était encore là. L’ACLE(athlétisme) avait d’ailleurs ses entraînements au même endroit. A Bois-de-Lessines, « el roux »(Vanoberghen)organisait des motos-cross et trial sur la place. Il y avait le rallye de Soignies qui passait chaque année dans le bois. Des luttes de jeu de balle étaient organisées en face du Peuple et d’Agnès. Ce n’est que dans les années 1970 qu’il a été interdit de faire des compétitions de ce genre sur la voie publique. Le canal(propre)servait de bassin de natation et le « pont de bois » de sautoir. Il y avait des cross country chaque hiver. Je ne vais pas tous les énumérer mais il y avait de nombreux sports sur Lessines. En discutant avec quelques anciens, le mot d’ordre qui revient souvent est : « Qu’il est loin le bon temps passé ».
26) Les superlatifs
Ces derniers jours, j’ai relu certains articles de la presse tant néerlandophone que francophone. Et je dois bien avouer (un petit geste) qu’il y a quelques journalistes qui savaient écrire.(je maintiens néanmoins mon « coup de gueule » précédent) Ils figurent ci-dessous. Les superlatifs qu’ils employaient en parlant du paternel sont les suivants : » le pédaleur de charme », « le nouveau Brankaert », « le Kubler des temps modernes », « la vedette internationale », « la fierté d’une région », « le muscle wallon », … . Je peux donc comprendre qu’ils n’ont pas eu leur compte avec les résultats ultérieurs : « il ne nous a jamais déçus ». Franchement quand vous lisez cette prose, cela n’a plus rien à voir avec ce que nous pouvons lire chaque jour dans nos quotidiens. C’est d’ailleurs un peu comme les discours.(cqfd : De Gaulle)Si les courses, le matériel, le mode de préparation et tout le reste ont changé, la manière d’écrire n’est pas restée sur le bas côté de la route non plus. C’est un réel bonheur de lire certains passages. J’avoue(rire)préférer les articles positifs aux autres. Mais là, je suis un peu comme tout le monde !!!! Un exemple ci-dessous de la présentation de la course d’Ollignies. Aujourd’hui, deux lignes. A l’époque un article très élaboré. Y a pas photo !!! Et attention, il n’y aura que « de bonnes routes » !!!
Hommage à René Cobaux, Raoul Mahieu, Frank Vandaele, Willy Pettiaux, … .
Il va disputer : « Ollignies-Bois de Lessines ». Où comment attirer les supporters.
27) L’amour du vélo
Sans aucune contestation possible, Papa aime le vélo. C’est sa carotte. Souvenez-vous, il a débuté avec les « non licenciés » vers ses quatorze ans. Auparavant, il roulait déjà avec le vélo de son père, Gaston. Pour la petite histoire, son papa l’avait autorisé à prendre sa bicyclette pour allez faire les commissions. Mais voilà, au retour, il a chuté et a endommagé la roue avant. Quand son paternel a vu la bicyclette, son sang n’a fait qu’un tour. C’était le vélo avec lequel il participait aux courses. Par crainte des représailles, il s’était caché derrière le noyer dans le jardin. Il a ensuite pris une licence. Il me remémore encore le dérailleur Campagnolo qui équipait certains vélos. En fait le coureur devait bouger une tige à la main pour changer les vitesses. (BP-MERCIER) Il a roulé dans toutes les catégories que vous avez pu lire jusqu’à ses 29/30 ans. Une fois sa carrière terminée, il a ouvert un commerce de cycles à Bois-de-Lessines. Ensuite, il a eu un passage à vide. Mais un rien plus tard, il y a eu la naissance du club cyclo, « Les Moulineaux », à Bois-de-Lessines. Quel club !!! Un vrai plaisir. Et de vrais moments de bonheur. Nous allions faire les 24h00 de Grammont et les 100 Kms de Atembeek . Nous partions à une trentaine à Oostduinkerke pour deux ou trois jours et nous dormions chez « Maria ». Si nous pouvions faire marche arrière … je signe tout de suite. Il a suivi des coureurs. Il a encore été sur les courses. Il a suivi ses fils. Il a été signaleur. Et surtout, il a continué de faire du vélo sans discontinuer. Dernièrement, il a été obligé de freiner pour cause de pépin physique. Il est surtout tracassé de ne plus pouvoir enfourcher sa bicyclette. Voilà, je pense que tout est dit. L’amour du vélo est toujours bien présent. Bien avant l’argent. Je ne pense pas qu’il ait jamais vu le vélo comme étant un moyen de se faire une fortune.
28) «Laissez parler les p’tits papiers» (Gainsbourg-Régine)
Je me suis demandé si ce sujet méritait vraiment d’en faire une anecdote. Après tout, pourquoi pas une petite sur la chanson de Régine et de son «laissez parler les p’tits papiers»? A force de tout retourner, je constate que ce n’est plus un tic mais une obsession. Je vous ai signalé qu’il avait toujours ses carnets dans lesquels il notait ses sorties, ses kilomètres, ses périodes de repos, … . Mais en plus, il prenait des notes sur/de tout. Vous avez un bel exemple avec l’article précédent sur la course d’Ollignies. Sur les photos archivées qui sont annotées. Sur les résultats modifiés ou ajustés au bic. Au niveau des livrets des courses avec des remarques aux endroits difficiles, dangereux, intéressants pour gagner des points, provoquer une échappée ou simplement signaler le ravitaillement. Sur les documents du GIRO, il notait ses places, ses temps, les temps des autres. Sur le contre-la-montre, il prenait ainsi ANQUETIL (1er) comme référence. Il lui avait concédé 4 minutes. Il avait pourtant terminé 31ème de cette étape. Et même sur un carton de bière sur lequel il avait pris note des développements de BOBET. A bien y regarder, ce n’était tout de même pas un braquet phénoménal – 52/48 et 14-15-16-17-18. Dans la mallette aux trésors, il y a encore beaucoup de ces reliques et nombreuses sont celles qui possèdent encore des notes. C’est une manière comme une autre de ne pas oublier l’essentiel mais surtout d’encore nous permettre d’en profiter aujourd’hui.
29 ) Un vélo = deux roues = des chutes
Personnellement, je trouve que papa a été relativement épargné par les chutes. Il a été balancé au fossé mais sans gravité. Il a chuté sur piste ou lors d’arrivées. Certains n’hésitaient pas à donner des coups de freins ou à changer de ligne et dans ces cas-là, quand vous faites du vélo vous savez ce que cela signifie. D’après ce qu’il m’en dit, il y avait des coureurs corrects mais aussi d’autres qui le faisaient de manière volontaire. A quelques occasions, il y a eu de l’électricité dans l’air. Il fallait aussi faire preuve d’adresse. Avec le nombre de dérailleurs qu’il a cassé, il a été peu souvent au tapis. Bien entendu, les écorchures, brûlures ou hématomes étaient fréquents. Il a aussi fait des gamelles sérieuses avec clavicule cassée ou côtes cassées. Et quand on parle d’adresse, il ne fallait pas non plus être maladroit. Un jour, il a réglé son frein avant – en roulant – mais son doigt a glissé dans les rayons. Le bout du doigt s’est retrouvé sur la chaussée. Il l’a ramassé et s’est rendu à la clinique sur le champ. Il a été recousu et le doigt en question est toujours bien là. Un autre fait dont il parle encore souvent est ce jour où il est parti avec Marcel DEROBERTMASURE (un copain amateur de Lessines – père de Jean-Marie) à La Louvière chez son masseur. Marcel tenait à l’accompagner. Tout s’est bien passé jusqu’au moment du retour. Marcel s’est déporté sur le côté de la route et n’a pu remonter sur la piste cyclable. Il a chuté lourdement. Papa a entendu un bruit. Il était 100 m devant. Quand il s’est retourné, il a vu Marcel au sol. Le temps de le rejoindre, il a constaté qu’il avait perdu connaissance. Il a fait appel à la police et à l’ambulance. Marcel est resté plusieurs semaines dans le coma. Il lui a rendu visite à la clinique mais même par la suite, il n’a jamais oublié cet événement, ni Marcel. Il revoit encore Jean-Marie, gamin. Je pense que c’est là qu’il s’est réellement rendu compte du danger de la bicyclette. Lui qui était plutôt sprinter et qu’en règle générale, il n’avait pas vraiment peur des grands emballages finaux, il a bien été obligé de se pencher sur la question. Son copain était dans le cirage.
N.B : Marcel a d’ailleurs certainement gardé très longtemps des séquelles de cette chute. Il a travaillé à la piscine de Lessines juqu’à sa pension.
30) Les vieux de la vieille
Ces derniers jours, j’ai raconté mes échanges sur des forum cyclistes comme « Wielerarchieven » ou « vélowallon » à mon père. Et je lui ai raconté ce qu’étaient devenus ses anciens copains et collègues. Ainsi, pour « Mil »DAEMS, avec qui il n’avait jamais fait équipe mais qui était un bon camarade, il savait déjà qu’il était devenu poissonnier à Bruxelles. Son fils Corneille ayant couru en amateurs dans mes années, nous nous sommes rencontrés sur les courses à quelques reprises. Idem pour VANTHORNOUT Robert, qui avait couru avec lui chez GROENE LEEUW-1962 et que nous avions revu plusieurs fois à Bredene, lors de vacances. Nous avons même fait des randonnées en sa compagnie. Pour ce qui concerne Willy SCHROEDERS, avec qui il a couru chez FAEMA-1959, il n’a plus vraiment eu de contacts. Il était devenu marchand de chaussures à Louvain. Mon père me dit qu’il est décédé. (il ne l’était pas) Un autre avec qui il n’a plus eu de contacts c’est « tur » DECABOOTER. Pourtant, il habite la région de Audenarde mais d’après les infos, il ne penserait plus qu’à la chasse. Pour les autres, il a bien revu VANCONIGSLOO à Bois-de-Lessines quand son fils courait encore en amateurs. « El grand » comme il l’appelait, et il était effectivement bien grand, n’a pas eu de chance car son gamin s’est tué un rien plus tard. Bien sûr, il a des infos sur quelques autres. J’en ferai peut-être un compte-rendu plus tard mais je vous conseille par avance le livre de Mr GRASSET (Coups de pédales) qui a enquêté sur ce sujet. Le dernier, pour la route, c’est VAN CAUTER Emile. Il a couru avec papa au VC Laeken, a été champion du monde amateurs, a été fin 1957 avec lui chez MERCIER mais surtout, a eu une fin tragique en Thaïlande. En fait mon père m’explique qu’un jour, il voit débarquer chez lui VAN CAUTER Emile, VAN GENECHTEN Richard (aussi chez MERCIER en 1957) et tenez vous bien, Serge REDING, l’haltérophile. En fait, VAN CAUTER semblait s’être associé aux deux autres dans un commerce de jeux et bingos. Ils voulaient qu’il fasse partie de la « coopérative » en question. Mon père a demandé l’avis d’oncle Gustave. Et l’oncle a refusé catégoriquement qu’il s’embarque dans l’entreprise. Il était moins une qu’il ne se retrouve, peut-être, en Thaïlande dans un drôle de brol !!! Sachant que VAN CAUTER en est revenu entre six planches… il valait mieux écouter les bons conseils d’un sage. Encore que, personne ne sait ce qui est arrivé à Emile VAN CAUTER dans ce pays lointain.
N.B : Le fils de VANTHORNOUT fait les marchés > poissonnier sur Lessines et Deux-Acren.
et copains de l’époque. Ici, VAN CAUTER. Il a encore quelques photos de ses collègues
31) Homme-sandwich
Un coureur cycliste est avant tout un sportif. Mais un sportif sans sponsor, c’est plutôt contrariant. Prenez un amateur qui n’a pas de contrat. J’ai le sentiment qu’il aura vite atteint ses limites en terme d’équipements, de déplacements ou en frais divers. Il faut donc se débrouiller avec les parents, le club ou le fan club, la fédération voire des sponsors privés/mécènes. Ne parlons même pas des primes. Ridicules !!! Et c’était pareil ou presque pour l’ensemble des amateurs. A son époque, le VC Laeken était sponsorisé par MATERNE. Il recevait des vélos du vélo club de Bois-de-Lessines. Certains frais étaient couverts par la LVB. Et quand papa allait à l’étranger, il avait un sponsor : PEUGEOT. Il devait donc lui faire de la publicité. Il recevait un équipement et ce qu’il fallait pour courir. Chaque année, il était invité en Suisse mais aussi en France ou en Italie. A Genève, il logeait soit à l’hôtel, aux frais de l’organisateur, ou chez le particulier. Il avait une chambre chez des gens très distingués qui étaient les patrons d’une usine de montres. Il a encore de très bons souvenirs de ces gens très raffinés. Notez qu’en Suisse et particulièrement à Genève, la course devait se dérouler entre 06h00 et 12h00 pour éviter les embarras de circulation. Il descendait quelques fois en Suisse avec sa VW coccinelle. Donc, arrivé à Genève, il s’installe. Le jour de la course, il se rend au départ de l’épreuve dans un bel équipement PEUGEOT mais il ne savait pas qu’en amateurs, c’était sa première course en Suisse, les publicités y étaient interdites. Ni une ni deux, quelqu’un va lui chercher de quoi se changer. On lui trouve un maillot « neutre » (Suisse) mais pas de cuissard. Le départ est imminent. Comme seule solution, il met du papier collant sur les publicités de la culotte cycliste. C’était beau !!! Et il joint le geste à la parole. Cela ne l’a, manifestement, pas empêché de pédaler. A l’arrivée, il fait premier. « C’est pas l’habit qui fait le moine !!! ». Chez les professionnels, il a connu des règles très strictes en matière de publicité. La plupart du temps, il fallait éviter de ne pas commettre d’impairs. Le staff était là pour le rappeler à l’ordre.
32) Souvenirs souvenirs (en objets)
(25×15 et environ 2 kilos)Vase en cristal gravé du Tour de la Paix 1956 – Reçu à Prague. (Tchécoslovaquie)
(45×15 et environ 2,5 kilos)Vase 2 en cristal du Tour de la Paix 1956 – Probablement à Varsovie (Pologne)
Vase/coupe (terre cuite et émail) pour sa victoire à Genève (Suisse)- 1957
(60×30 et environ 2,5 kilos)
Vase reçu à Briançon -(France)
(Porcelaine – 20 cm)
Assiette reçue en Italie mais il ne sait plus durant quelle course.
Pièce de collection – Valise FAEMA de 1959.
Tour du Lac Léman – 1er – 107 Pts – Dossard
GP de la Cité de Genève – 1er – 48 Pts – Dossard
33) « SIMPLEX », camp d’entraînement
Au printemps, il n’était pas rare que des coureurs partent en grand nombre vers le sud de la France. Certains allaient au camp d’entraînement « SIMPLEX ». Il faisait fureur à l’époque. Il faisait aussi des jaloux. C’est comme pour tout. Celui qui voulait éviter le mauvais temps partait pour s’entraîner au soleil ou du moins là où il faisait doux. Il devait payer le train, l’hôtel, les repas, le matériel, absolument tout … . Le propriétaire de la firme « SIMPLEX », Lucien JUY, l’inventeur du dérailleur à galet, avait donné le nom de sa société à un camp d’entraînement. D’après mon père, ils étaient invités. Tout était pris en charge par « SIMPLEX ». Dans le journal du 01/02/1955 (« NB ») Victor BODSON disait qu’ils étaient logés « aux frais de la Princesse ». Mr BODSON avait le nez fin pour trouver des invitations. Il réussissait souvent à inscrire ses « amateurs » dans des grosses courses. Papa avait déjà participé à quelques courses « pros » ou indépendants alors qu’il n’était qu’amateur. Les coureurs invités par « SIMPLEX » étaient logés à « L’Hôtel des Princes » situé en face de la station de Monté Carlo. Il m’explique encore qu’il n’était pas très loin de la fameuse montée, près du port. Des coureurs venaient de partout. D’après mes infos, il devait bien y avoir une quinzaine de nationalités sur place. D’autres disent qu’il y en avait 27. Cette année-là, il avait été invité avec Willy SCHROEDERS. Il s’est rendu plusieurs fois dans le sud de la France. Il ne pense pas avoir été une seconde fois chez « SIMPLEX ». Durant le camp de 1955, ils ont aussi eu l’occasion de faire des connaissances. Le français Charles PELISSIER (pas Francis ni Henri) était avec eux. (photo de journal en page annexe) Ils s’échangeaient aussi des photos avec dédicaces et ils se promenaient sur le bord de plage. Les entraînements n’étaient pas nécessairement faciles dans la région. Au bout d’un mois sur place, ils avaient généralement + de 2.000 kms au compteur. C’était la belle vie mais avec le sérieux qui s’imposait. Ils étaient généralement là-bas alors que d’autres devaient rouler sous le mauvais temps en Belgique. En 1954, il semblerait que Jean BRANKART et Jaak SCHOUBBEN avaient aussi été invités.
(Champion de Suisse amateurs 1954) « A mon ami et camarade, en souvenir du camp « Simplex », amicalement, Alcide VAUCHER ».
34) TRAIN – TRAM – VELO
Parlons un peu de la configuration géographique de notre région. Saviez-vous qu’à la Rue de la Loge, entre la Rue de Gages et la Mouplière, il y avait une ligne de chemin de fer. Elle se trouvait à hauteur de l’ancien garage de Gille Marquegnies. Elle desservait les carrières de l’Ermitage et les grandes liaisons ferrées. De la Mouplière, elle rejoignait l’usine DUPUIS (Ollignies) d’un côté et repartait vers le Pont Rouge pour atteindre Lessines, de l’autre. Mais il y en avait d’autres. Comme celle dite du « Point d’arrêt » qui est située à la limite de Bois-de-Lessines. Vous voyez encore la gare, aménagée en maison d’habitation, à l’entrée du bois, à la Rue du Bois. Cette ancienne gare se trouve juste derrière le restoroute de l’ A8. Le rail venait de Bassilly et passait dans le bois. Il en ressortait chez DUPUIS à Ollignies. Mais j’en viens à l’essentiel, le vélo. Depuis son plus jeune âge, papa a fait de l’interval training. Généralement, il utilisait les poteaux d’éclairage. Un sprint entre deux ou trois poteaux et un repos. Les distances variaient suivant les catégories. Il a toujours fait de l’interval. Maintenant, il y a plusieurs écoles. Certains roulent derrière moto, d’autres roulent beaucoup sur piste, d’autres encore font des kilomètres sur petit ou grand braquet voire en pignon fixe. Dernièrement, il me disait faire de l’interval sur la route de Ghislenghien – Soignies avec son père Gaston. Cette route assez « montagneuse » l’obligeait à faire les montées à fond et à se reposer dans les descentes. A certaines occasions, il faisait la course avec le tram. En effet, à cette époque, il y avait un tram, côté droit de la route, qui conduisait les voyageurs de notre région à Soignies. Si vous y regardez bien, l’espace est toujours bien là. Les plus jeunes n’ont pas l’air de s’imaginer qu’il y avait bien plus de moyens de transports collectifs que de nos jours.
35) L’APRES VELO DES COUREURS DE SA GENERATION (suite)
Comme déjà signalé dans un « post » précédent, papa demande souvent des nouvelles de ses anciens partenaires de peloton. Bien qu’il ait déjà eu la possibilité d’en rencontrer quelques uns, il ne sait pas du tout ce que la plupart d’entre eux sont devenus. En fait, c’est un peu comme les étudiants qui se quittent après les humanités. A part ceux qui habitent le même coin ou ceux qui continuent de fréquenter les mêmes écoles, la grande majorité des autres n’a plus trop l’occasion de se revoir. Notez que dans le cyclisme, c’est encore un rien plus compliqué car il y a là des coureurs qui viennent de partout. Alors pour lui donner des infos j’ai réalisé des recherches sur le net. Ce qui est assez étonnant dans toute cette liste, c’est surtout que contrairement aux idées reçues, tous les anciens ne se retrouvent pas dans le vélo, loin de là. Seconde chose qui est relativement intéressante c’est que pour la plupart d’entre eux, ils n’avaient pas peur de se lancer dans une activité d’indépendant. Quand on sait que les coureurs de l’époque n’avaient pas de pension même s’ils avaient été pros, c’est tout de même une belle preuve de courage ou de prise de risque.
VAN LOOY Rik : a tenu un manège, une école de cyclisme et un peu directeur sportif
VAN STEENBERGEN Rik : rentier.
MAES Sylvère : tenancier de café.
DECABOOTER Arthur : entrepreneur. (en fait c’est sa femme qui avait une entreprise)
SORGELOOS Edgard : tenancier de café, employé, peintre.
VERBEECK Frans : fabricant de vêtements cyclistes.
DESMET Gustaaf : marchand de cigares.
DESMET Armand : tenancier de café de magasin de sport et car wash.
DESMET Gilbert : tenancier de café.
NOYELLE André : choses sur le cyclisme.
VANSCHIL Victor : maître nageur.
CLAES Jean-Baptiste : gérant des magasins JBC. (son fils maintenant)
MOLENAERS Yvo : gérant d’hôtel.
VAN CONIGSLOO : a eu une affaire cycliste.
VAN NITSEN Willy : chauffeur de ministre.
DE MULDER Frans : chauffeur de camions.
DECOCK Roger : négociant en jeux de café.
TRUYE Willy : dans la restauration et salle de fête.
LELANGUE Robert : directeur sportif et ensuite employé.
COECKAERTS Raymond : chauffeur de bus.
DE CONINCK Roger : chauffeur de bus.
CERAMI Pino : magasin de vélos.
MATHIJS Lucien : tenancier de café.
THUMAS José : chauffeur de taxi.
SCHROEDER Willy : magasin de chaussures.
ROMAN Clément : opérateur de café.
BORREMANS Paul : magasin de vélos.
ADRIAENSENS Jean : centrale de boissons.
36) ET MAINTENANT … ?
Et maintenant … ?
Situation plus que difficile que toute la famille va devoir surmonter. Mais ça, c’est pour le côté privé. Pour la partie publique, c’est-à-dire le site, il n’y a rien de changé. Papa était heureux de voir l’ampleur et la direction qu’il prenait. Il était partie prenante dans son développement. Il distribuait même ses photos avec le nom du site. Il en avait un très bon retour car lorsqu’il faisait les boutiques, il n’était pas rare qu’il soit accosté par des citoyens, connus ou pas, au sujet des courses. Il était d’ailleurs tout étonné de retrouver une seconde jeunesse. Sans compter que ce site l’a aidé à garder le moral quasiment jusqu’au bout. Ce sport lui a tellement apporté jusqu’à la fin de sa vie. Maintenant, il était vraiment intéressé par l’historique. Nous pouvions parler des heures de Patrick, Claudy, Pascal, Joseph et de tous les autres. Il adorait cette section. Et puis, nous discutions des clubs organisateurs et à coureurs, d’un livre, de plein de choses ayant trait aux courses. Il avait l’œil sur les résultats et c’est quelques fois lui qui me signalait une place des coureurs locaux. Mais cela allait plus loin encore. Dernièrement, il a encore évoqué Nico Lapage, ce coureur de Lierde avec lequel il avait couru. Il se souvenait comme si c’était hier de son accident. Il l’avait encore côtoyé quelques semaines après les faits. Il avait une boule sous l’œil et la face complètement démontée. Il aimait bien Nico. C’était un gentil garçon disait-il. Il avait de l’estime pour ce coureur dont il se souvenait qu’il avait été longtemps indépendant. De même, lorsqu’il y a quelques mois, il a appris par « Coups de Pédales » le décès de son copain « Tur », Arthur De Cabooter, cela lui a fait un choc qu’il soit tombé mort lors d’une sortie en vélo. Il y a trois ans, lors d’une sortie cycliste avec Jean (Deblock), son copain, ils étaient partis à Audenarde pour lui rendre visite. Et petit à petit, il se disait qu’il était encore là alors que de nombreux autres de sa génération étaient déjà partis.
Et maintenant … ? Je pourrais encore faire des pages de tout ce qu’il m’a dit. J’en ferai encore. Mais, une partie de ses souvenirs, je me les garde. Pour les lecteurs assidus, qu’ils soient tranquillisés, il y aura encore de quoi faire. Et je peux vous assurer que ce ne seront pas des inventions sorties de mon imagination. Il me faut du temps pour tout cela. Surtout que durant la bonne saison, ce ne sont pas les sujets qui manquent. Et l’historique « papier » qui est en cours, … . D’un autre côté, il y aura encore des photos mais, pour le moment, en nombre restreint. Nous avons constaté un vol caractérisé de photos. Personne ou presque ne demande d’autorisation mais se sert. Bientôt, la législation belge sera adaptée et ce type d’actes illégaux pourra être poursuivi. Nous attendrons donc une meilleure protection pour encore publier. Mais il y en aura encore. Papa l’aurait voulu. Dernièrement, j’ai rencontré bon nombre d’anciens supporters, de proches. Eux aussi sont des mines d’informations. Ainsi, l’un d’eux m’a dit que les fameuses casquettes en toile avec palette en plastique vert « Supporter Roger Baudechon » avaient été fabriquées chez « Emile à Capiau » ou « Emile Domine ». (Emile à chapeaux) Un magasin de la Grand rue de Lessines qui se trouvait en face de l’ancien Shoe Post. C’était un magasin du genre à celui de « Vidts » qui vendait des articles de qualité. Et pas que des chapeaux !!!
Ces pages sont rédigées après le 18/10/2012, date de son décès.
37) Les musiciens en course
Si vous avez une vingtaine d’années et que vous lisez cette anecdote, cela va vous sembler être un rappel du « top 10 » des années ’50. En effet, si je vous parle des « Frères Jacques » de « Zizi Jeanmaire », de « Charles Trenet », … ,vous allez avoir du mal à vous y retrouver. Si vous n’avez pas peur de ce petit côté vieillot, nous pouvons y aller. Durant sa période cycliste, papa m’avait raconté avoir rencontré pas mal de vedettes de la chanson française. Il a surtout parlé de la France. Il me paraît toutefois assez difficile de cibler correctement l’année mais il est probable que c’était en 1957 ou/et en 1958. A plusieurs occasions, il a nommé Yvette HORNER, cette grande dame de l’accordéon. Elle n’était manifestement pas seulement sur le Tour de France. Papa ne l’a pas fait. Il l’a croisée sur d’autres épreuves où elle jouait son répertoire. C’était l’époque des VERSCHUREN, AIMABLE ou encore AZZOLA. Papa ayant fait le Dauphiné, c’est peut-être là qu’elle s’est produite ? Bien que le Tour du Nord avait aussi une très forte réputation. A d’autres occasions, il a aussi parlé de Line RENAUD rencontrée sur une ou deux courses. Il se souvenait d’une course près de Paris. Elle qui est du Nord n’a jamais perdu de sa convivialité. Et à l’image d’un disque qui tourne et tourne encore, je vais vous raconter l’histoire qui m’a été décrite par le Secrétaire Communal honoraire de Lessines, Ernest Leerens. Vers 1955, il habitait Bruxelles et avec son épouse, il revenait souvent sur Lessines ou la région pour voir les prestations de papa. Lors d’une course à Gammerages, papa est parti seul dans les deux premiers tours. Ernest Leerens était derrière montant une vespa bien de l’époque. Son épouse était en croupe. Il a fait toute la course juste derrière. Mais ce qu’il avait oublié, c’était de refaire le plein de son engin. Bruxelles > Gammerages + la course de +/- 125 kms et le réservoir était bien vide. Il a eu beaucoup de peine à trouver une pompe à essence. Pourtant, ils ont pu rejoindre la capitale. Notez qu’il n’y avait pas de pompes automatiques à l’époque. Mr LEERENS a aussi expliqué qu’il allait souvent voir les courses sur Bruxelles. L’ancien professionnel Lucien ACCOU tenait d’ailleurs un café près de Laeken. Le VCL (Vélo Club de Laeken) était souvent présent avec tout son effectif. Et à Laeken, papa a généralement bien couru puisqu’en amateurs, il a terminé 1er, 2ème, 3ème et 4ème. Un autre « musicien », plutôt un métronome, qu’il avait rencontré à une seule reprise, c’est COPPI. Il l’a croisé dans un vélodrome en Suisse. COPPI était sur la fin mais papa m’a expliqué qu’il avait ouvert les yeux bien grands !!!
38) « GP BAUDECHON » OU PAS « GP BAUDECHON » ?
Il y a environ un peu plus d’un an, j’ai reçu un message d’un collectionneur, que je crois être, de la région de Bruxelles. Cette personne est très active sur le VCL ou Vélo Club de Laeken. Il recherchait l’existence d’un « GP Roger Baudechon » mais à mon avis du côté de Bruxelles. Personnellement, je n’avais jamais entendu parler de cela ni par papa ni par des proches. Il faut dire que je n’ai pas cherché expressément après des documents attestant que papa avait eu une course à son nom. J’ai expliqué à ce Monsieur, que c’était possible mais pas dans notre région. Je lui ai même conseillé de rechercher du côté de Bruxelles puisqu’il habitait chez l’oncle Gustave à Vilvorde. Comme quoi, le temps fait bien les choses. Ces derniers jours, j’ai fréquenté plus que nécessaire les archives du POSTILLON, journal lessinois, qui ne paraissait que le dimanche. A force de lire, de chercher, de scruter, par moment on ne voit plus rien. Et bien dans le registre de 1957, j’ai mis la main, par hasard, sur un article du Vélo club de Bois-de-Lessines qui parle d’un « GP BAUDECHON ». (il y aura bientôt une page spéciale sur le club de Bois-de-Lessines) Je cherchais des courses, coureurs et résultats, pas nécessairement la vie des clubs. C’est un autre domaine. En 1957, papa aura donc bien eu son GP. Mais je ne peux me prononcer totalement pour le moment sur les années antérieures. L’article évoluera peut-être si je trouve de quoi l’alimenter. En effet, toutes les archives ne sont plus disponibles et entre 1950 et 1965, je n’ai pas encore tout terminé. Ces années-là ne sont pas reliées. Enfin, l’important était de pouvoir déterminer si un GP avait existé et bien la réponse est positive. Ce Monsieur va être désabusé que cela ne se soit pas passé à Bruxelles mais c’est ainsi. LE POSTILLON donne aussi des résultats ou photos du paternel chaque semaine mais il y en avait pour beaucoup d’autres comme Walter BLONDIAUX (Silly) ou Max NULENS (Leuze). Et puis, si vous lisez le texte, un nouveau coureur est pris en charge par le VC B-D-L : Joseph SCULIER.
39) CONFIRMATION DE SES DÉBUTS (10/09/2013)
1951 est l’année de sa première licence officielle en débutants LVB. Vous pouvez d’ailleurs en voir une copie dans la première partie des archives qui lui sont consacrées. Ce qui nous a intéressé, c’est, non pas d’aller vers l’avant mais de retourner en arrière pour retrouver sa première course. Nous reviendrons évidemment sur des bribes de sa carrière dans d’autres anecdotes. Il m’avait donné plusieurs éléments qui me laissaient supposer qu’il avait couru en non licenciés en 1950. Je n’ai pas retrouvé de classements. J’ai donc cherché une année plus tôt. J’ai mis la main sur un résultat, le seul ou presque, de 1949. Il s’agit d’une course qui a lieu à Ollignies à l’occasion de la « Ducasse du pavé ». Nous sommes le 19/06/1949 et il y a 17 partants sur la ligne de départ. Le circuit est assez similaire à celui que nous avons connu dans les années 80′. Mais particularité de l’époque, il y avait trois grands circuits par Bois-de-Lessines et vingt petits dans le quartier. Il avait donc bien +/- 14 ans lorsqu’il a débuté le cyclisme. Mais regardez l’article qui se trouve ci-dessous. Il va vous permettre de mieux comprendre pourquoi il parlait des « vieux de la vielle » comme s’ils avaient toujours été de sa génération alors que ce n’est absolument pas le cas. Maximilien HULENS gagne. Pour ma part, je pense qu’il y a une faute, cela doit être Max NULENS. Ce coureur de Leuze a été un très bon indépendant. Second, DEMEYER Lucien. « El Maquet » était un dur au mal et cela dès son plus jeune âge. Peu de monde sait qu’il a gagné de nombreuses courses. Lucien roulait vraiment très fort. BARBAIX André de Deux-Acren est 5ème. Quand le père disait de lui que c’était un bon coureur. Tout se confirme. Les sept premiers sont dans le même tour. A partir du 8ème, ils sont tous doublés. Roger BUDECHON arrivé 9ème avec un bon paquet de minutes sur le premier. Avant de marcher, il faut d’abord apprendre. Mais « El gnol » a déjà fait impression. (cf le journaliste) Et encore, vous pouvez aussi constater que SCORIER Joseph a abandonné. Il était malade. La lignée des LOSSIGNOL a son successeur, après Jules, Paul, est placé. Michel MALBRECQ, le fils du « Marquis » n’a pas la même classe que le père mais il fait son trou. Et dans le classement, vous n’avez pas DEGAUQUE Daniel, les DESCHUYTENEER, BOUCHER Victor ou Omer THYS qui participaient aussi à ces courses locales. Enfin, voilà déjà un « LEGO » remis à sa place. 1949 est bien l’année des débuts du père et les coureurs qu’il citait sont tous bien de fameux coursiers. Pour le reste, chaque chose en son temps. Il y aura des suites.
Début de carrière 1949. El « gnol » Baudechon … .
40) Quand il n’y en a plus ou presque … il y en a encore !!!
Ces derniers mois, j’avais fait une croix sur le fait d’encore ajouter des textes à la carrière de Roger Baudechon car, à la fois, le filon s’épuise et puis, on a fait le tour de la question. Mais, c’était sans compter sur les visiteurs qui lisent et qui possèdent encore beaucoup d’archives. Manifestement, pas les mêmes que les miennes. Ainsi, Fons THIELEMANS, le frère de l’ancien très bon coureur de Cureghem Sportief des années 1950 m’a envoyé une page d’un journal néerlandophone de mars 1962. On y constate que le père refait une année de plus mais assure ses arrières avec un commerce de fruits et légumes (Battard). Un autre suiveu, BLADT Willy, a gardé l’ensemble des résultats du père et me les a transmis. Il y a des choses que nous n’avions pas. Super. Ces derniers jours, c’est Freddy HAVELANGE qui a encore trouvé un article dans « Les Sports 70 » et qui me l’a envoyé. Je ne le possédais pas mais cette approche à la « Hugo KOBLET » avait déjà été reprise par d’autres dans les années 1960. Merci à lui. Ainsi, Roger BAUDECHON ne sera jamais définitivement parti dans l’au-delà puisque toujours, il y aura des articles disséminés un peu partout dans les différentes presses. Mais, soyons honnêtes, il arrivera bien un temps où d’autres prendront sa place. Ainsi va la vie.
PAGES SPECIALES
- Paris-Tours 1957
J’ai parfois du mal à comprendre pourquoi il fait une fixette sur cette course alors qu’il a participé à tellement d’épreuves ayant une renommée internationale et qu’il s’y est bien comporté. En premier lieu, je pense qu’elle lui a posé un cas de conscience. Ensuite, avec le recul, je dirais qu’il n’a jamais été aussi proche d’en gagner une très belle au début de sa carrière professionnelle. Sans compter que par la suite, s’il a pu rouler pour son compte ou presque sur les kermesses, il a plutôt été obligé de veiller sur les leaders sur les courses plus importantes. Au DAUPHINE, il n’a jamais pu rouler pour lui. Pas facile de s’imposer dans une période comme celle-là. Alors voilà, mettons-nous dans l’ambiance de l’époque. Pour les gens d’aujourd’hui, il n’est pas toujours aisé de remonter le temps pour comprendre comment fonctionnait le cyclisme des années ’50. Les belges étaient très nombreux (et donc la rivalité était très féroce), les courses importantes n’étaient pas toutes les mêmes qu’aujourd’hui, (qui se rappelle du Tour du Nord pourtant un des plus grands de l’époque ?) le matériel était encore un peu rudimentaire, (les coureurs cassaient souvent plusieurs dérailleurs sur une saison) le milieu était assez fermé (la plupart du temps les coureurs restaient en Europe – de l’ouest), … . Mais revenons à nos moutons. Nous aurons plusieurs pages spéciales à la suite. Celle-ci est la première. Cette course n’est pas simple à évoquer avec le paternel. A chaque reprise, on remue le couteau dans la plaie qui, 50 ans plus tard, n’est toujours pas refermée. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il n’en dort pas mais elle lui remue toujours autant les tripes. Il est toujours dans le questionnement. En automne, il parle de « sa course » quand il regarde « la course des feuilles mortes » à la TV. Et même si elle a perdu de son aura et que son parcours n’est plus le même, je pense que cela restera la course de sa vie. Cette arrivée, il nous l’a racontée des dizaines de fois. Et toujours en ajoutant le geste à la parole. Le geste de tirer sur le guidon pour amener son vélo sur la ligne avant les autres concurrents. Il avait été recruté pour la fin de saison par MERCIER-BP. Je n’ai pas retrouvé de contrat de cette année 1957. En cette fin d’année (06/10/1957), il n’était pas indépendant et il n’était pas stagiaire. Et lui, il n’en sait plus rien. Des coureurs avaient des contrats de courte durée, pour une seule course ou simplement pour le matériel. Il faut dire qu’à l’époque, la firme vous faisait le contrat qu’elle voulait. Les salaires n’étaient pas imposés comme l’UCI le fait de nos jours. Dans une de ses équipes, il avait un contrat du 01/02 au 30/09 + prolongation ou anticipation, si on avait besoin de lui. Le reste du temps, il devait se débrouiller avec la piste ou une autre discipline. De nos jours, c’est pareil en cyclo cross, des coureurs n’ont de contrat que durant l’hiver. Je ne vais pas raconter tout PARIS-TOURS, cette épreuve longue de 251 Kms, car ce serait fastidieux. Cette distance était tout de même relativement apprivoisée par papa. En amateurs ou en indépendants, il avait déjà couru de gros morceaux en Belgique, en Suisse, en Italie ou lors de la Course de la Paix. Durant la course, il a évité d’en faire trop. Cela ne lui ressemblait pas. La consigne d’Antonin Magne était de donner la priorité à Louison BOBET, son chef de file chez MERCIER BP. Durant la course, il s’est cantonné dans les roues et à veillé sur BOBET. Dans la ligne d’arrivée, il est avec le groupe de tête. Il se sentait fort. Il n’a de cesse de nous dire qu’il devait gagner mais … . Dilemme. Quand il a vu BOBET dans le groupe, il a gambergé. Il a d’ailleurs toujours la même phrase qui lui vient en ces moments-là : « Je ne pouvais pas faire ça à Louison ». S’il gagnait, a n’en pas douter, il allait avoir un souci avec l’équipe ou avec Louison, son leader. MAGNE ne l’aurait pas vu d’un bon œil. Notez que BOBET n’a jamais gagné PARIS-TOURS et cette année-là, il a terminé second !!! Papa a donc fait attention a ce qu’il faisait et a visé une place. La cinquième l’a mis en évidence. C’est certainement la raison pour laquelle Antonin MAGNE l’a repris chez MERCIER BP en 1958. Pas sûr que s’il avait battu BOBET voire même DEBRUYNE, il aurait eu un contrat dans cette équipe pour l’année suivante. Personnellement, et avec le recul, je dirais qu’il a pris une bonne option. Il a respecté les consignes et a fait une belle course avec contrat à la clef. Il n’a pas joué le « BEHEYT » comme avec VAN LOOY lors des championnats du monde de Renaix en 1963. Maintenant, s’il avait gagné, il n’aurait peut-être pas eu de contrat chez MERCIER BP en 1958, mais il est très probable qu’il aurait eu une autre équipe… et beaucoup de coureurs sur le dos. Et qui sait, peut-être une autre carrière … . Enfin, avec des « peut-être », on ne va pas très loin et surtout on refait le monde en restant dans son fauteuil.
« Des grandes classiques et des championnats du monde » édition ODIL 1979. Photo de l’arrivée de Paris-Tour 1957. Extraite du livre de Pierre Chany : » La fabuleuse histoire » . Livre donné par Mr BOURGEOIS Jean-Claude (ami de papa) habitant de Leuze-en-Hainaut.
Enveloppe remise au départ au coureur portant le dossard n° 5 = Roger Baudechon.
Avant = arrivée – côte de l’Alouette et arrière = procédures >> horaire du train du retour de Tours vers Paris !!!
DOSSARD DE Roger Baudechon. N° 5, cinquième !!! Epingles d’origine.
Plaque de cadre dans son jus, en carton, avec numéro fait au pochoir. Et ficelle pour lier au cadre… .
Article d’après course
Article d’après course
01/2012 : Il y a quelques jours, j’ai envoyé un message à Mr Jean BOBET, le frère de Louison, pour savoir s’il pouvait me donner une anecdote sur les courses de papa. En effet, il a couru chez MERCIER BP en 1957. Il a répondu très gentiment que leurs routes ne s’étaient pas croisées. (papa a couru de septembre à octobre pour MERCIER en 1957 et en 1958, Mr BOBET courait pour une autre marque, celle de son frère) Il a signalé avoir beaucoup couru en Italie et lors des ardennaises en Belgique mais il ne se souvient pas de R. Baudechon. Merci Mr BOBET d’avoir répondu à notre demande. Aujourd’hui, il s’occupe d’une amicale qui veut maintenir la mémoire du cyclisme. Le Président en est J-M LEBLANC. http://amicaleducyclisme.fr/index_fichiers/historique_amicale_du_cyclisme.htm (Vélo star) Mr BOBET est journaliste. Son dernier livre : « Le vélo à l’heure allemande » est en vente aux éditions – La Table ronde.
02/2012 : Briefing d’avant course. Mr MAGNE expose les tâches de chacun. Il dit aussi ce qu’il attend des coureurs. « A toi Roger Baudechon !!! ». « Toi le belge, comme tu roules fort en ce moment, tu te places dans les vingt premiers et tu n’en bouges pas. Si je te vois derrière, je te culbute avec la voiture !!! ». Cette remarque a fait forte impression sur papa. Il n’a pas osé bouger des vingt premiers. Il n’a vu aucun ravitaillement. Mais il avait de quoi dans ses poches, pleines à craquer. Mr MAGNE avait vu juste.
EXPO du mois de novembre 2012
Elle était en noir et blanc et a été colorisée. Merci à Christian Loos.Matériel exposé à l’expo des 03 et 04 novembre 2012. Photo MERCIER de 1957.
PAGES SPECIALES
Il arrivait que l’écusson parte, probablement, au lavage
Maillot de l’équipe nationale belge avec et sans écusson 1956
Merci à Jan SOENS pour les dessins de maillots dont il reste propriétaire (WA)
2 . IXème Course de la Paix
L’équipe nationale belge a pris l’avion une quinzaine de jours avant l’épreuve qui se déroulait du 02/05/1956 au 15/05/1956 pour Varsovie ( + escale ). La IXème Course de la Paix est une épreuve qui traversait trois pays : la Pologne, l’Allemagne de l’Est et la Tchécoslovaquie. Il y avait 12 étapes de Varsovie à Prague en passant par Berlin et d’autres villes-étapes. (voir « archives » – « résultats » de 1956) Elle était longue de 2.213kms. Il y avait 23 équipes nationales dans le peloton, soit 141 partants dont 101 à l’arrivée. La sienne était composée de : Baguet, Borra, Butzen, Ruwet et Vanderlinden. Papa me dit que le directeur sportif était Sylvère MAES. Il me dit aussi que c’était un crack. Pour ce qui concerne la mécanique, c’était un certain « Plovie ». Il le voit encore monter dans l’avion avec son pantalon « golf » et ses longues chaussettes. Il avait même mis ses chaussures cyclistes !!! Deux journalistes belges accompagnaient le staff. Il se rappelle que l’un d’eux était bruxellois. Ils n’ont pas cessé de prendre des photos du périple de l’équipe belge durant les quinze jours de course. Arrivés sur place, ils ont tous reçu une carte d’identité spéciale. Durant leurs entraînements, ils ne pouvaient pas sortir sans leur escorte militaire. Il a encore l’image des « gros » casques et des mitraillettes, en mémoire. Lorsqu’ils allaient s’entraîner, leur petit groupe était ceinturé par une voiture de l’armée à l’avant et une autre à l’arrière. Les équipes sortaient à des heures fixes et restaient entre elles. Avant l’épreuve ils sont sortis plusieurs fois de leur hôtel mais toujours avec des « guides ». Ainsi quand ils ont visité le ghetto de Varsovie, on ne peut pas vraiment dire qu’ils ont fait du tourisme dans un cas comme dans l’autre. Quand ils se rendaient en ville, ils étaient obligés d’emprunter les taxis de l’Etat mis à leur disposition. Un taximan parlait d’ailleurs très bien le français et leur a demandé ce qui se passait en Belgique. La cérémonie d’ouverture fut inoubliable. Dans le stade de Varsovie, il y avait une foule immense. A la première étape, Varsovie-Varsovie, il fait 22ème. A l’entrée du vélodrome, il était en tête pour la 7ème ou 8ème place. Le souci à cette époque c’est que vous quittiez des routes « relativement » correctes pour des pistes d’athlétisme en cendrée. A l’entrée du stade, il a loupé son virage. Il a déjanté et s’est retrouvé avec d’autres coureurs sur le dos. Il ne sait plus s’il est tombé le premier. Il a d’ailleurs une anecdote assez particulière de ses deux ou trois premières étapes. A 50 Kms de l’arrivée, voire plus, il y avait une foule indéfinissable le long des routes. Dans les stades, lors des arrivées, c’était pareil, il ne restait plus une place libre. Quand il voyait le foule amassée le long de la route, il se disait que l’arrivée était proche. Il remontait et se plaçait dans le devant du peloton. Une fois qu’il y était, il trouvait le temps long car … ce n’était pas encore l’arrivée mais la foule qui se pressait pour encourager les compétiteurs. A l’arrivée de Varsovie, il a terminé l’épreuve à pieds, le vélo à la main. Il se souvenait avoir chuté mais pas de la photo de l’arrivée qui nous a été fournie par « steponas », un adhérant au forum WA. C’est d’ailleurs à partir de là que j’ai demandé au paternel de me raconter une partie de sa Course de la Paix. Toutes les étapes étaient très difficiles et très longues. Il se remémore très bien de celle de Stalinogrod/Katowice, longue de 214 kms. Il y a terminé 14ème et complément crevé, épuisé. Dans celle de Leipzig, idem. La moitié des étapes faisaient d’ailleurs plus de 200 kms et les gars des pays de l’est n’étaient pas vraiment des fillettes. Les Russes, les Allemands de l’Est ou les Tchèques étaient déjà de véritables professionnels. Sans compter qu’ils étaient bien soignés … . Dans une autre étape, celle des cols en Tchécoslovaquie, il me raconte qu’il avait fait très mauvais la veille. Les coureurs devaient monter un par un sur des routes en terre dans des conditions dantesques. La pluie avait engendré des ruisseaux de 30 cm de profondeur. Et la foule était une nouvelle fois incroyable. Il n’a pas oublié. Mon père a très peu de photos de cette course. Nous avons donc pu compter sur ma mère qui en a encore de très nombreuses ainsi que sur un collectionneur.
Départ pour l’enfer : à partir de la droite > « Plovie », Maes, Baudechon … .
BAUDECHON et BORRA + MAES. Dans le stade de Varsovie à l’occasion de la cérémonie d’ouverture. Les français derrière.
Carte d’identité
Départ à Varsovie. Il est dans le paquet mais où … ?
Départ d’une étape avec MAES Sylvère à gauche et Louis RUWET à droite
Livret en cuir avec les étapes
Arrivée dans le stade de Varsovie – Il termine le vélo à la main. (photo « Steponas »)
Prochaine page spéciale sur le Tour d’Italie. (en 2017)
QUELQUES PHOTOS ET ARTICLES DE PRESSE


FIN
