LA PLACE DU VÉLO A LESSINES.

Mis à jour.

Commentaires effectués sur base unique du livre « Lessines en cartes postales anciennes ». Il est évident que sur d’autres bases, les commentaires pourraient changer. Etude de style.

Le livret est de l’Abbé Léon Jous publié par la bibliothèque Européenne aux Pays-Bas avec l’aide du Musée Communal. (archives personnelles)

Évoquer le cyclisme en présence de cartes postales qui datent toutes ou presque des environs de 1900, n’est pas chose facile. C’est un ecclésiastique qui l’a réalisé. Nous pourrions croire qu’il a été plus prolixe sur ses matières de prédilection. Et même si nous avons un archivage conséquent des années intermédiaires, il faut bien avouer que cet ouvrage n’est pas axé « cyclisme ». Toutefois, nous allons tenter de le découvrir au fil des pages. N’oublions pas que le vélo est né en 1817 mais qu’il n’existe sous une forme, plus ou moins commune, que depuis 1870. Le vélo n’était pas encore totalement répandu. Ainsi, dans ces cartes postales, l’Hôpital Notre-Dame à la Rose et l’église Saint-Pierre sont mis en évidence à maintes reprises depuis 1848. En 1855, la Place de la Station de Lessines était totalement pavée. Il n’y avait aucune délimitation sur la chaussée. Avec de tels « boulons », pas évident de rouler en vélo. Les hôtels « A la belle vue » et « Le Paon d’Or » avaient déjà pignon sur rue. Ils serviront de départs aux courses quelques années plus tard. Ils existent toujours. L’abbé précise tout de même que « A la belle vue » est géré par une escorte de filles. Ce qui lui donne le surnom d’hôtel « aux huit fesses ». Vous voyez ce qu’il voulait dire … . On ne parle pas de mollets. En 1906, les rues sont remplies de charrettes à chevaux. Seuls les maîtres des carrières (sic) ont déjà des automobiles. C’est l’année durant laquelle la poste est construite. Elle est aujourd’hui consacrée à un centre médical. « Le Café des Brasseurs » devenu « De La Terrasse » servira aussi aux courses. C’est « Pol du gaz et Zulma » aux commandes. Ils sont terribles ces surnoms !!! Avec vue sur la fanfare qui déambule, l’auteur nous parle du café « Le belle vue », le rendez-vous des spincheux. Et du « Café les Chapelets », celui des maréchaux-ferrants. Ou du café « Les Bateliers », celui des conducteurs de bateaux. Notons qu’en 1909 le rivage lessinois possédait plusieurs ports. Pas moins de 1253 péniches étaient chargées par an. Pour 302.150 tonnes de produits divers dont principalement du cailloux. Chaque carrière avait son port et son chemin de fer ou presque. Arrivés au Quai Louis Lenoir Scaillet, le « Café Marie Machine » est entouré de grenailles. Le monument n’était pas encore là puisque nous sommes en 1900. Dire que c’était facile de rouler en vélo est un euphémisme. Rien n’est fait pour le cycle. Par contre le piéton a déjà la passerelle d' »el pont d’bos » au dessus de la Dendre. Philippe NOTTE, « el garchon du massif », maître des carrières était à l’emplacement de la maison médicale du Quai. C’est l’époque où Lessines avait quarante maisons qui fabriquaient de la chicorée. Une belle innovation qui a assuré la sécurité sur la Dendre en ce y compris pour les cyclistes, le pont tournant à une voie (1867) est devenu basculant à double voies en 1970. La Rue des Tanneurs était en pavés costauds. Elle est devenue la Rue Général Freyberg en 1918. Puis des images de la guerre 14-18 nous mettent face à l’évidence. L’envahisseur avait marqué le centre ville de son empreinte. Des panneaux rédigés en allemand sont placardés sur les murs. Pourtant, le vieux bras de la Dendre, à hauteur du pont de pierre,  est considéré comme le lieu le plus romantique. Vous pouviez y faire des balades en barque. La Grand Rue est probablement la seule à ne jamais avoir été rebaptisée. Bien avant 1902, elle était en pavés. Cela démontre à suffisance que nous n’avions pas encore de tarmac et que les braves cyclistes avaient fort à faire sur de telles chaussées. Notons au passage que la signalisation routière était totalement absente. Pas un seul panneaux à l’horizon. La Grand Place était un très grand espace ouvert. Il y avait des commerces dans chaque immeuble. La maison du maquignon Achille Van Wilder était toujours accolée à l’Hôtel de Ville. Nous l’avons encore connue jusqu’en +/- 1985. Elle a été rasée pour en faire un petit parc que vous connaissez actuellement. La Place disposait d’un kiosque. Ce monument avait été démonté pièce par pièce et entreposé dans l’ancien dépôt du service des travaux à l’Avenue de l’Abattoir. Peut-être s’y trouve t-il encore ??? Nous avons des photos de 1918, c’est sur cette place, identique, que passaient des pelotons de coursiers. C’était une très belle place commerçante où le public pouvait se rassembler nombreux. Chaque quartier avait sa ducasse. A celle de septembre, la balle pelote envahit la Grand Place. Les « godfrises » ou carrousels sont là. Il  a un monde fou pour regarder les luttes. Mais toujours pas de vélo. La société théâtrale « Lessines en avant », née en 1894, et présidée par François Hoton jouera « Les Deux Merles Blancs » en 1920. Les tenues sont édifiantes. Une carte des « Vrais Rikikis » de la société des « Amis Réunis » nous fait penser que ceux du Cayoteu sont très certainement une émanation de ces fondateurs de 1867. Le groupe a d’ailleurs beaucoup fonctionné dans les carnavals dès 1896. En 1899, le Secrétaire Communal Lesneucq a publié « L’Histoire de Lessines » et dans la foulée, organisé un cortège sur ce thème. La fanfare « L’Harmonie Weber » ouvre la marche. Le char Sébastien De Tramasure est de la partie. En 1896, Lessines comptait 9.672 habitants mais tous vivaient dans la rue. C’était l’époque de la vie en société au sens large du terme. A la Rue de la Halle, il y avait encore et toujours des pavés. Et même une pompe à eau communale. « Yau à tertoute » était le slogan des politiques de l’époque. De fait, c’est seulement en 1926 que l’eau a été distribuée dans toute la ville. Avant, les pompes publiques étaient la seule solution pour se fournir. Au « Cabu », les routes étaient en terre. Le Parc Watterman alors pourvu d’un bassin et d’une belle passerelle, appartenait à Eugénie TAQUENIER, fille du Notaire WATTERMAN. Elle avait beaucoup de biens sur Ourhain. Ce parc a fait l’objet d’une donation et est devenu une station médicinale expérimentale vers 1910. Le train était partout. Les industries fonctionnaient à plein régime. Ce mode de transport était nécessaire et pas seulement pour les produits. Le public était aussi un utilisateur assidu. Ainsi, on apprend que le « Haut de Ville » est le noyau primitif de la cité et que le « Bas de Ville » est récent. Il est dû justement au boom industriel du milieu du 19e siècle. C’est là que le parti ouvrier belge local est né sous l’impulsion des MOLLE (« Charlie « ), VELGHE (« Mongie ») et Oscar PAQUAY. Dans le « Café Velghe », devenu la « Boucherie Chevaline » (abattue et devenue le parking Hobbyrama), est né le parti socialiste lessinois. Notons encore que tout autour de l’église Saint-Roch, il n’y avait quasiment aucune habitation. Par contre, il y avait bien une perche verticale. Lessines était une ville de carrières : NOTTE, LENOIR, HERMITAGE, TACQUENIER, MOUPLON, BRASSART, … . Elle l’est toujours. 5000 ouvriers y travaillaient. Soit la moitié de la population.

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Finalement, c’était le début du vélo mais nous n’en avons trouvé qu’une trace dans ce livret. Un vélo se profile dans la Rue de l’Hôtellerie le 01 juin 1908. Nous sommes néanmoins convaincus qu’il y en avait déjà avant car nous disposons d’articles (sans photos) faisant état de courses en 1906 à Ghoy. Avec cette carte postale, vous avez certainement les premiers tours de roues d’une bicyclette à Lessines.

Nous ne pouvons terminer sans vous citer quelques sobriquets de travailleurs. Chez NOTTE en 1900, c’était folklorique. A n’en pas douter, il doit y avoir des cyclistes en leur sein : « Momon Laute », « El Pinson du Marot », « El Bi Babette », « Dilon Tatarte », « El Coq Jacob », « Batisse Binaise », « Mile du Bouc », « Tisse Polon », « Lélé Lejeune », « El vie Jean Machine », … . Toute une époque. Nous ne pouvons que remercier l’Abbé JOUS pour un tel ouvrage qui ouvre sur le monde d’avant.